Les origines de la CNV
Marshall B. Rosenberg (1934-2015)
A la source de la bienveillance
Marshall B. Rosenberg naît dans l’Ohio en 1934, puis grandit dans la banlieue de Détroit. En 1943 il est témoin de violences urbaines qui feront une trentaine de morts, alors qu’en parallèle, il vit beaucoup d’amour et de bienveillance dans son cercle familial. Il consacrera sa vie à comprendre ce qui permet de cultiver la bienveillance et à aider le plus grand nombre de personnes à le faire !
Docteur en Psychologie clinique à l’université du Wisconsin en 1961, il reçoit 5 ans plus tard la plus haute distinction du Jury américain de psychologie professionnelle.
A la suite d’une prise de conscience sur les limites scientifiques de la psychologie clinique et de la psychiatrie, il choisit de rejoindre le laboratoire de Carl Rogers qui a attiré son attention sur l’empathie et la qualité de relation comme soutien à la guérison. L’équipe compte également Eugène T. Gendlin qui met en évidence la « sagesse corporelle » et développera le focusing comme approche thérapeutique, aujourd’hui utilisée par de nombreux modèles thérapeutiques. Il côtoie également dans ce laboratoire Thomas Gordon, pionnier de la résolution de conflit dans une approche « gagnant-gagnant ».
C’est alors qu’il travaillait comme médiateur dans des conflits entre militants en faveur des droits civiques et institutions engagées à supprimer toute ségrégation raciale, qu’il fit le choix de fonder le Centre pour la Communication NonViolente (CNVC), en 1966, avec l’idée de faire connaître cet art du dialogue qui invite à une bienveillance mutuelle et pour en soutenir la diffusion dans le monde.
Notre langage conditionne notre pensée
Marshall B. Rosenberg portera ses efforts sur le langage et l’écoute qui impactent nos interactions. En effet, dans notre façon d’être en relation, nous sommes individuellement et collectivement pris dans les pièges de nos conditionnements que nous ne voyons pas, tant ils sont imbriqués dans nos habitudes de fonctionnement et nos automatismes de pensée. L’énergie et le temps perdus à faire des choses à contrecœur, en nourrissant des sentiments désagréables, à se perdre dans des interprétations, des désaccords, des frustrations sont immenses…
En apprenant à nous libérer de nos habitudes, en retrouvant une façon d’être ensemble plus joyeuse et plus fluide en veillant à donner du sens à ce que nous vivons, nous développons une énergie et une co-créativité qui peuvent vraiment transformer tant notre vie personnelle que la vie dans nos équipes de travail.
La formalisation du processus CNV est une façon de prendre du recul par rapport à notre façon « habituelle » et mécanique d’interpréter une situation. La pratique de la CNV s’ancre dans un niveau plus subtil et sensible de l’empathie avec une présence corporelle « dans l’ici et maintenant » qui constitue un véritable défi dans la transmission de la CNV.
Veiller sur le bien commun de notre humanité
« L’être humain aime par-dessus tout contribuer au bien-être : le sien, celui de l’autre, des autres, du monde, lorsqu’il se sent libre d’en faire le choix et qu’il en a les ressources ». Depuis une dizaine d’années, toutes les recherches en neurosciences affectives et sociales viennent confirmer l’intuition de Marshall Rosenberg : en amont de nos conditionnements et de nos peurs, nous sommes des êtres de contribution. C’est dans notre ADN et c’est le bien commun de notre humanité. Nous pouvons, avec la CNV, nous libérer et nous réapproprier notre héritage, le vivre et le rayonner.
Ainsi, la qualité des relations et des échanges, le sens de nos choix, petits ou grands et l’inspiration qui conditionne tout engagement sincère ne sont pas des enjeux relevant uniquement de la sphère privée ou du développement personnel : il s’agit des clefs du développement social durable.
De son vivant, Marshall Rosenberg a énormément voyagé, tant aux Etats-Unis que dans de nombreux pays du monde, et fait connaître le processus de la CNV partout où on l’invitait en contribuant aux efforts de réconciliation et à la construction de la paix dans des régions déchirées par la guerre.