La CNV dans l’enseignement public au Québec · Vidéo, média et podcast

Après avoir appris que près de 200 enseignants de la maternelle au collège s’étaient formés à la CNV avec Véronique Pardonnet, formatrice certifiée du CNVC, et que la première école girafe de l’enseignement public en avait émergé, Léna Guézennec et Isabelle Vachon se sont engagées dans un projet de formation et d’accompagnement auprès d’une école publique en milieu rural de la banlieue de Montréal.
C’est en 2022 que Léna Guézennec, aujourd’hui formatrice certifiée du CNVC et Isabelle Vachon, candidate à la certification, ont pu échanger longuement et « passionnément » sur Teams avec Véronique Pardonnet. «Nous avons été inspirées et influencées par le travail de Véronique dans la formation et l’accompagnement des équipes éducatives et sur l’élaboration préalable de critères d’observation et d’indicateurs pour évaluer l’efficacité d’une posture CNV en classe» explique Isabelle Vachon. «Cet échange nous a enthousiasmé et nous a donné la sécurité de nous lancer» poursuit-elle.
Elles construisent donc un projet pilote : «Moi, toi, nous, la conversation courageuse au service du bien-être», qu’elles font circuler dans le réseau des conseillers pédagogiques. L’école publique Jean XXIII, une structure scolaire qui accueille 300 élèves de primaire est choisie : elle a déjà mis en place un «comité de bienveillance» incluant les compétences socio-émotionnelles, comité soutenu par une conseillère pédagogique très inspirée par la CNV. Le terreau semble favorable !
51 personnes formées en 2 ans
Sur deux ans, les 51 personnes qui constituent l’équipe éducative (directrice, enseignants, équipe support), répartis en 3 groupes mixtes, ont suivi 6 séquences de formation. Ces séquences étaient suivies de temps de pratique à l’heure du lunch. «Il n’y avait pas de nouveau contenu partagé : il s’agissait d’approfondir et d’intégrer la matière explorée en formation» précise Léna. «Nous avons plus particulièrement suivi 3 enseignantes la première année pour mesurer l’impact de la proposition sur leurs pratiques et leur bien-être. Nous avons aussi répondu présentes pour des temps individuels en visio-conférence pour approfondir un élément de l’approche préconisée à partir de situations réelles vécues avec un élève, un parent ou un collègue.»
Une rencontre a également été mise en place avec huit parents volontaires qui ont bénéficié d’une initiation à la CNV.
Léna et Isabelle sont également intervenues dans toutes les classes suivant le principe de formation-action, déjà développé pour l’école girafe de Behren-lès-Forbach. L’objectif étant de permettre aux équipes d’apprendre par imprégnation à animer des temps de météo intérieure, de gratitude, des groupes de parole pour résoudre ensemble une situation, etc. … Puis, les enseignants étaient invités à en animer eux-mêmes. «Nous proposions en amont toute une palette d’activités et les enseignants choisissaient en fonction de leur aisance. Ensuite, on pouvait échanger sur la base d’activités réflexives et nous enrichir mutuellement de cette expérience» témoigne Isabelle. «Nous avons laissé chacun et chacune se lancer selon son élan en étant tranquilles avec une implication à géométrie variable».
Une expérimentation en phase avec les directives québécoises
Les enseignements liés au développement socio émotionnel des élèves connaissent une croissance notable au sein du milieu scolaire en réponse à l’une des principales missions de l’école québécoise, à savoir la socialisation pour un climat sain et sécuritaire. Cette expérimentation à l’école Jean XXIII s’intègre dans le postulat de nombreux chercheurs tels Boissonneault et ses collaborateurs, qui affirment la nécessité pour les personnes enseignantes de continuer à développer leurs compétences socio-émotionnelles pour elles-mêmes afin de pouvoir les intégrer dans leurs pratiques pédagogiques quotidiennes.
Un bilan encourageant
Étalées sur 24 mois, les activités ont réellement contribué au développement des compétences socio émotionnelles du personnel scolaire. Par ailleurs, la diversité des modalités de formation et l’accompagnement ont joué un rôle important durant cette période. Des ateliers intégrant des modélisations, des pratiques guidées, des activités réflexives, des animations en classe dirigées par les formatrices-accompagnatrices, des sous-groupes de pratique avec ces dernières, l’illustration et le témoignage d’exemples d’application par des vidéos et des textes ainsi qu’une banque d’activités destinées aux élèves sont des éléments qui ont facilité le développement et la mise en œuvre de compétences ciblées, selon le témoignage verbal de plusieurs membres du personnel. En ce qui concerne les activités réflexives, elles leur ont notamment permis de prendre conscience de l’écart entre leur posture habituelle et celle proposée, par l’observation d’exemples concrets qu’ils et elles ont relevés lors de ces moments réflexifs.
«Je suis très inspirée par la créativité de Léna et Isabelle, à la fois dans la richesse des propositions et des formats de formation et d’intégration et aussi par leur adaptabilité aux réalités du terrain ! Elles ont beaucoup travaillé sur l’approche par compétences, à la fois dans tout ce qui pouvait permettre leur appropriation via la CNV et dans les indicateurs qu’elles ont considérablement précisés et fait évoluer. Le travail de Léna et d’Isabelle m’inspire beaucoup et va enrichir encore mon approche que je ne manquerai pas de leur partager à mon tour» conclut Véronique Pardonnet.