La Communication NonViolente par le corps

Et si, avec la découverte et la pratique de la Communication NonViolente, j’apprenais à me connaître par la conscience et l’accès direct au corps ?
Et si, dans la relation à moi-même et aux autres, j’apprenais à écouter, à valider, à exprimer mes ressentis internes, organiques, vécus comme ouverts et relatifs (sensations, émotions, besoins) plutôt que d’obéir et réagir à mes certitudes externes, acquises, affirmées comme absolues (jugements, croyances, vérités mentales) ?

Si, en découvrant l’énergie vibrante de chaque Être à travers ses divers aspects, ses contrastes et impermanences, ses aspirations multiples, je réalisais la nature complexe de chacun, chacune, (moi incluse), dans ce qui l’anime de VIE derrière ses comportements que je juge potentiellement tragiques et violents ? Si je parvenais à regarder le monde par la fenêtre de cette énergie vitale, en nous, tel le QI des arts martiaux que nous pouvons nommer « Besoin » en Communication NonViolente ?

Et si, toujours dans l’intelligence du cœur et du corps, dans la plongée corporelle et sensorielle, je réalisais que la Communication NonViolente n’est peut-être pas seulement une série de concepts intellectuels, une idéologie de plus, « belle » et « vertueuse », mais une courageuse alternative, un changement édifiant de perspective ?
Un regard entièrement neuf posé sur moi, sur toi, sur le monde et sur la Vie plus vaste que tout cela ?

Si, enfin, en me rencontrant ainsi, dans ma nature sensorielle, émotionnelle, vivante, je te rencontrais, toi, de la même manière, en me reliant humainement à ton vécu intime, à la fois singulier, unique et universel ?

Cela ne soutiendrait-il pas l’empathie, l’authenticité, la profondeur et la détente dans la relation vécue avec Soi et avec autrui ? Au travail ? A l’école ? A la maison ? Comme une écologie relationnelle porteuse de fruits nés d’un écosystème reconnu dans la totalité des ressources et des besoins de chacun ?

La Communication NonViolente par le jeu ?

Si, maintenant, grâce au levier d’une pédagogie offerte par des mises en situations, par des jeux de rôles inspirés du réel des participants de stages, je découvrais la légèreté, la joie profonde de l’apprentissage, l’encouragement de celui, de celle qui s’essaie, recommence et s’entraîne ? La célébration des différents chemins parcourus ?
De même que devant la patience, la persévérance du musicien d’orchestre qui muscle ses mains en faisant ses gammes ; l’humilité du comédien qui sait qu’il n’incarne rien sans l’écoute et la connexion viscérale à son partenaire ; de même, j’aime voir l’apprenti stagiaire en module de Communication NonViolente, vivre le tâtonnement, le cheminement, parfois, l’émerveillement d’avoir osé l’expérience à plusieurs, dans le respect mutuel et l’entraide. Comme un compagnonnage de la Conscience, au cœur de cette «bien – veillance» que la CNV nous invite à incarner, à inspirer.

Et si par le tremplin du «théâtre participatif » (*Note en bas de page) , je me laissais traverser de ce facétieux recul, ce doux humour de Soi, cette capacité d’auto dérision, de remise en question responsable (sans être coupable) si précieuse dans l’œil du bouffon de comédie … Oeil qui se connaît dans ses entournures, qui sourit en tendresse et sans ironie. Œil à la fois lucide et aimant que je perçois comme une qualité de la Conscience NonViolente, loin de toute posture, méthode, technique formelle ; loin de toute sériosité et vérité dogmatique.

Si, en faisant de la Communication NonViolente, non pas une astuce, un outil, une «technique de com» (comme il m’arrive de l’entendre régulièrement), mais un art de vivre nouvellement possible, je prenais conscience que mon Être, ton Être profond, originel est bien plus vaste, bien plus complexe, plus contrasté et plus mystérieux que le «personnage» social que j’ai construit, auquel je m’identifie pour exister dans le monde ? Personnage de survie, certes nécessaire et utile tant qu’il me permet la sécurité, la stabilité mais qui, (j’en fais si souvent l’expérience), dans le réel d’une relation honnête, peut se révéler un colosse aux pieds d’argile ; se découvrant, (et je parle de moi,) aussi maladroit qu’un éléphant plein de bonnes intentions se baladant sans conscience, au milieu de la délicate porcelaine humaine.

Si, enfin, par cette clarté, cette distance saine que le théâtre permet, je réalisais que la NonViolence n’est pas le refus, le déni, le refoulement de la violence mais, paradoxalement, sa reconnaissance pleine et entière ; à l’instar de Marshall Rosenberg, fondateur du processus de la Communication NonViolente qui exprimait que «tant que je ne suis pas en paix avec ma violence, je ne peux pas choisir la NonViolence.»
Si, dans les situations apparemment jouées, pourtant pleinement incarnées dans ma chair, je prenais conscience que je participe aussi, au quotidien, en toute innocence, aux réalités de nos violences systémiques, invisibles, ordinaires ?  Si j’acceptais de reconnaître, qu’en dépit de ma représentation exclusive du beau rôle des histoires que je me raconte, je suis faite aussi d’ombres et de lumières. De forces et de limites.
Qu’il m’est donné, avec la Communication NonViolente, d’aller les explorer en intégrité et sensibilité.
Alors, peut-être, en me reconnaissant plus complète, plus vraie, plus entière, en lâchant les masques de mon personnage «parfait», ma nouvelle présence pourra soutenir mon entourage (sans exigence,  juste par imprégnation) à s’oser de même.

Alors, peut-être, parce que nos violences individuelles et collectives seront enfin vues, reconnues, mises en lumière, même si c’est inconfortable, nous pourrons, ensemble, faire le choix non pas de «devenir NonViolent», (au sens d’une identité vide et figée), mais de poser, lu plus souvent que nous le pouvons, avec nos modestes moyens du bord, des actes humbles, simples et puissamment non-violents avec soi et autour de soi.

C’est cela que j’aspire à accompagner, en transmettant ce processus de pacification à partir de mes deux casquettes de transmettrice et de comédienne, grâce au Théâtre participatif que je propose en un cursus d’intégration de la CNV disponible sur notre site de l’AFFCNV .

Notes:

Du fait de mon métier de comédienne, avec la compagnie du Théâtre du fil de la vie, pendant 7 ans, j’ai appris et expérimenté la transmission de la Communication NonViolente par le corps et par le jeu. Avec chaque groupe social, chaque milieu culturel que nous avons rencontré dans les écoles, des crèches à l’université ; dans les hôpitaux, avec les travailleurs sociaux ; dans des entreprises publiques ou privées ; dans des institutions … au-delà de l’âge, du statut, des hiérarchies, je m’émerveille de ce que l’expression du non verbal, la puissance de l’intention, l’ouverture de conscience posée dans les jeux de rôles, permettent.

Pour clarifier, nul besoin de « talent » ou d’expérience d’acteur /ice … au contraire, l’innocence, la fraicheur, la spontanéité et la pure joie de recontacter nos jeux d’enfants sont très bienvenues.
Dans ces transmissions,  je m’engage à soutenir les valeurs du co-apprentissage, du partage d’expérience, dans le respect de nos diversités, avec recul, humour et Amour de soi …
Le tout soutenu par un cadre simple avec des appuis concrets à la créativité dans le soin de nos limites, de nos pudeurs et de nos vulnérabilités humaines.
J’emploie le terme «Théâtre participatif» reçu d’Eliane Régis (Comédienne, metteur en scène et formatrice certifiée en Communication NonViolente) pour le distinguer un peu de l’inspiration du théâtre forum d’Augusto Boal; car avec le regard de la CNV, nous cherchons à aborder les enjeux humains au-delà des approches politiques.

Vous pouvez retrouver les formations de CNV en lien avec les pratiques corporelles ici

Le stage de Muriel Gorius sur ce thème se trouve ici