Dans nos parcours d’hommes engagés sur le chemin de la conscience relationnelle, nous sommes nombreux à avoir découvert combien la Communication NonViolente (CNV) et les groupes de parole d’hommes se complètent et s’enrichissent mutuellement. Ces deux approches, que nous explorons de longue date, créent ensemble des espaces rares : des lieux où il devient possible de se dire entre pairs, de s’accueillir dans notre humanité, et de réinventer, pas à pas, ce que cela signifie d’être un homme aujourd’hui.

Des espaces pour se dire : un besoin profond

Dans nos sociétés, beaucoup d’hommes grandissent avec l’injonction de «tenir bon», de «ne pas faillir», de «réussir»… mais bien peu avec l’apprentissage de se relier à leurs émotions, de nommer leurs peurs, de reconnaître leurs fragilités. Les cercles de parole entre hommes répondent à cette soif de vérité partagée.

Ces espaces ne sont ni des lieux de repli, ni des arènes de compétition voilée. Ils sont des laboratoires de fraternité, où il devient possible de déposer ce qui pèse, de célébrer ce qui fait sens, d’explorer ensemble nos questions : Qu’est-ce qu’être père, partenaire, collègue, citoyen ? Comment vivre nos élans sans fuir nos responsabilités ? Comment habiter un masculin plus conscient, plus relié, plus vivant ?

La CNV vient ici offrir des clés précieuses. Elle aide à traduire l’émotion brute en langage du cœur, à relier ce qui se vit au niveau des faits, des ressentis, des besoins et des aspirations. Elle invite chacun à devenir artisan de sa parole, responsable de ses actes, co-créateur de la qualité de lien dans le groupe.

La force du cadre : entre sécurité et liberté

Cercles d’hommes et CNV partagent une exigence fondamentale : offrir un cadre sûr. Confidentialité, écoute sans interruption, absence de conseil non sollicité, accueil des silences… Ces règles explicites permettent de bâtir un espace où la parole peut descendre au plus près de l’essentiel.

Dans un cercle, il n’est pas rare qu’un homme commence par dire :  « Je ne sais pas par où commencer…» ou «J’ai peur de paraître faible…» C’est là que le cadre joue son rôle : il ne s’agit pas de «paraître» mais d’être, simplement, sans masque. Et c’est là que la CNV devient précieuse : en donnant un langage pour exprimer ces peurs, ces hésitations, ces besoins, sans se perdre dans des justifications ou des explications infinies.

Un chemin vers un masculin réconcilié

Beaucoup d’entre nous sont entrés dans un cercle d’hommes avec la même intuition : ce n’est pas la force qu’il nous fallait travailler, mais la vulnérabilité. Non pour la glorifier, mais pour l’intégrer, l’accueillir comme une part de notre humanité.

Les cercles permettent d’explorer les parts de nous que nous laissons trop souvent dans l’ombre : nos doutes, nos colères mal comprises, nos blessures anciennes. La CNV, en éclairant ces parts par la conscience des besoins, aide à sortir des schémas de domination, de retrait ou de fuite. Elle nous rappelle que derrière la peur, la colère, la tristesse, il y a des élans de vie qui cherchent à se dire.

Du cercle à la vie : incarner le lien au quotidien

L’enjeu n’est pas de créer des sanctuaires hors du monde, mais des lieux d’entraînement pour la vie. Les cercles et la CNV, ensemble, préparent à habiter autrement nos relations : dans la famille, au travail, dans la cité. Ils invitent à poser des limites sans violence, à formuler des demandes claires, à transformer la colère en force de transformation, à accueillir l’autre dans sa différence.

Ce qui se vit entre hommes, dans ces espaces protégés, rayonne bien au-delà : c’est une manière de contribuer à une culture du dialogue, de la coopération, de la responsabilité partagée.

Une invitation au compagnonnage

Ce que nous expérimentons, ce que nous souhaitons partager, c’est une invitation. Une invitation à croiser les approches, à créer des ponts entre traditions : celle des cercles d’hommes, qui offrent des espaces de parole fraternelle, et celle de la CNV, qui donne un langage pour faire de cette parole un acte conscient, au service du lien.

Il ne s’agit pas d’ajouter des outils pour ajouter des outils. Il s’agit de servir un même élan : celui de réinventer, ensemble, un masculin plus authentique, plus responsable, plus relié. Et de bâtir, par petites touches, un monde où la coopération remplace la compétition, où la présence remplace le masque, où le dialogue remplace la lutte.

À retenir

  • Les cercles d’hommes et la CNV partagent un même souci du cadre, de la qualité d’écoute et de la responsabilité dans la relation.
  • La CNV apporte aux cercles un langage précis pour relier l’émotion aux besoins et ouvrir à la co-responsabilité.
  • Les cercles offrent à la CNV un terrain d’incarnation et de mise en pratique au sein d’un collectif de pairs.
  • Ensemble, ces approches contribuent à un masculin réconcilié, au service d’une humanité plus consciente et plus vivante.

Pour en savoir plus : Guillaume Thouvenel

Pour expérimenter : https://cnvformations.fr/formations/hommes-qui-parlent/