En 2018 et 2019, Rachel Lamy (1) a fait un tour du monde de la non-violence et a raconté ce voyage dans son livre « Addicte à l’espoir ». (2)  Nous vous invitons à  le lire !

Rachel Lamy a visité de nombreux pays : Balkans, Liban, Maroc, Rwanda, Afrique du Sud, Inde, Philippines, Brésil … Elle y a rencontré des acteurs qui œuvrent au quotidien pour la paix, la résolution des conflits et le pardon.

Dans ces peuples déchirés par la guerre et l’horreur, les femmes et les hommes témoignent de l’urgence d’intégrer une culture de la non-violence. Ils ont fait l’expérience de la violence et affirment qu’elle n’est pas la solution, qu’ils aient été auteurs d’actes de violence ou qu’ils en aient subi.

Son récit célèbre des réalisations à grande échelle comme, au Liban, l’intégration de la culture de non-violence dans les programmes scolaires ainsi que d’innombrables actes de réconciliation menés par des citoyens de tous pays et toutes appartenances.

Oser sa vulnérabilité

Les peurs sont à l’origine de nombreux génocides et conflits. Dans les pays ayant connu de tels drames, fleurissent des initiatives pour faire se rencontrer et dialoguer les habitants de différentes communautés d’appartenance.

Ainsi, chacun exprime ses angoisses, ses peurs, ses blessures, parle de ses représentations vis-à-vis de l’autre, de ses préjugés. Les personnes s’expriment, s’écoutent et se comprennent mieux ; elles voient ce qui les rassemblent.

Travailler sur ses images « ennemis » 

Rachel Lamy a rencontré notre collègue libanaise médiatrice, formatrice en Communication NonViolente : Rita Ayoub. Celle-ci intervient dans son pays pour favoriser le dialogue et la réconciliation. Rita raconte sa propre expérience : toute jeune, elle a été traumatisée par une menace de mort. Elle s’est vue égorgée. Quelques années plus tard, elle a tenu à se libérer des images d’ « ennemi » qu’elle avait à l’égard des personnes de la communauté qui avaient menacés de mort elle et sa famille. Elle les a rencontrés. Les deux parties ont pu exprimer leurs angoisses, leurs peurs réciproques, leurs aspirations. Cela a pris du temps mais réconciliation et paix ont été retrouvées.

« Ceux qui pardonnent sont les guérisseur de l’humanité » (3)

Le pardon a une place primordiale dans les processus de réconciliation. Des personnes qui ont perdu un membre de leur famille sont allées elles-mêmes retrouver et pardonner les auteurs de ceux qui avaient tué ; des personnes ont fait des démarches pour aller rencontrer des membres de la famille de la personne qu’elles avaient tuée.  Les expériences des tribunaux populaires, les Gacaca(4) au Rwanda, la Commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud, sont relatées comme ayant contribué à apaiser en grande partie les esprits.

Le pardon au niveau communautaire est mentionné comme étant très insuffisamment pratiqué alors qu’il permettrait la reconnaissance des douleurs provoquées et apaiserait les familles.

Le rôle clé de la non-violence pour la Paix dans le monde 

Faire le choix de la non-violence, c’est se rencontrer dans nos ressemblances et nos singularités. Relions-nous, rapprochons nous ! Développons encore et encore notre capacité à nous accueillir, nous-mêmes et nos interlocuteurs, dans nos peurs, nos jugements, nos représentations réciproques les uns sur les autres… Prenons la mesure de ce que chacun vit. Et ne nous laissons pas guider par les discours qui attisent la haine, qui divisent. Restons souverains et gardons notre liberté de ressentir et de penser.

 

(1) Rachel Lamy, éducatrice spécialisée, licenciée en psychologie. Formée à la non-violence et à l’intervention civile de paix.

(2) « Addicte à l’espoir. Mon tour du monde de la non-violence ». Rachel Lamy. Éditions Salvator

(3) Gérard Bessieres, prêtre et écrivain

(4) Tribunaux populaires mis en place dans les villages à la suite du génocide pour juger les auteurs d’actes